Dans la série des plantes de sorcières – épisode 4
Si je vous dis « belladone », vous pensez sûrement « poison », « sorcière », « magie noire »… Et vous n’avez pas tout à fait tort. Cette plante de la famille des solanacées traîne derrière elle une sacrée réputation sulfureuse.
Un passé trouble
Faut dire qu’elle a de quoi faire frémir. Depuis l’Antiquité, la belladone est associée aux pratiques occultes et aux rites de passage. On dit que les sorcières l’utilisaient pour confectionner leurs philtres d’amour et leurs onguents hallucinogènes.
Au Moyen-Âge, elle devient carrément l’attribut du diable. On l’accuse de tous les maux, de la folie à la mort subite. Son nom même, « bella donna », « belle dame » en italien, témoigne de son pouvoir de séduction… et de destruction.
Bref, la belladone, c’est un peu la bad girl du règne végétal. Celle qui attire autant qu’elle effraie.
Un cocktail explosif
Faut dire que chimiquement parlant, c’est une vraie bombe. Toutes les parties de la plante contiennent des alcaloïdes puissants, notamment l’atropine et la scopolamine.
À faible dose, ces substances provoquent rougeurs, dilatation des pupilles, sécheresse de la bouche. D’où l’utilisation ancienne du jus de belladone comme collyre de beauté.
Mais à forte dose, c’est une tout autre histoire. Hallucinations, convulsions, coma… La belladone peut littéralement plonger dans la folie, voire conduire à la mort.
Autant dire qu’elle ne s’improvise pas herboriste qui veut !
Une plante médicinale malgré tout
Pourtant, aussi dangereuse soit-elle, la belladone n’en reste pas moins une plante médicinale précieuse. Utilisée avec doigté, elle soulage les spasmes et les douleurs.
On la retrouve notamment dans certains sirops contre la toux et les coliques. Toujours à doses homéopathiques, bien sûr.
Mais son usage le plus connu reste celui d’antidote contre les intoxications aux champignons et aux autres plantes de la famille des solanacées.
Un peu comme si la belladone avait le pouvoir de contrer ses propres effets. Fascinant, non ?
L’approcher avec respect
Du coup, vous l’aurez compris, la belladone n’est pas une plante à mettre entre toutes les mains. Sauf à vouloir finir en bad trip au pays des cauchemars…
Pour autant, rien ne nous empêche de l’étudier, de chercher à la comprendre. À condition de le faire avec humilité et discernement.
Plutôt que de la diaboliser ou de la réduire à un simple poison, on peut choisir de l’approcher comme une alliée exigeante, qui ne se livre pas au premier venu.
Observer ses feuilles ovales, ses fleurs en forme de cloche, ses baies noires et brillantes. Se renseigner sur son histoire, ses usages traditionnels. Méditer sur ce qu’elle éveille en nous, sur nos zones d’ombre et de lumière.
Bref, faire de la rencontre avec la belladone un voyage initiatique, un outil de connaissance de soi et du monde.
Une plante miroir
Parce qu’au fond, c’est peut-être ça la vraie magie de la belladone. Nous renvoyer à nos propres contradictions, à cette part de sauvage et d’incontrôlable qui nous habite.
Nous rappeler que la vie est un éternel équilibre entre le poison et le remède, la fascination et la répulsion, l’ombre et la lumière.
Alors la prochaine fois que vous tomberez sur une belladone, au détour d’un sous-bois ou dans les pages d’un vieux grimoire, prenez le temps de la saluer avec respect.
Qui sait, peut-être vous livrera-t-elle un fragment de sa sombre sagesse…
Petit rappel (important !)
On ne le dira jamais assez : la belladone est une plante TOXIQUE, qui ne doit en aucun cas être utilisée sans supervision médicale. Cet article a une vocation purement culturelle et poétique. Il ne constitue en aucun cas un mode d’emploi !
Prenez soin de vous, et à très vite pour la suite de notre exploration des herbes sorcières. Promis, le prochain épisode sera un peu plus léger ! 😉